- Sept Guinéens sur 10 (70%) trouvent que la circulation et le commerce entre pays de l’Afrique de l’Ouest est difficile. Les plus riches et les plus pauvres sont d’accord sur ce fait.
- Trois Guinéens sur 10 (30%) sont déjà allés personnellement séjourner hors de leur pays ou ont tout au moins un membre de leur famille qui l’a fait.
- Tandis que deux-tiers (65%) de la population n’ont jamais souhaité vivre hors du pays, 19% l’ont un peu ou quelque peu envisagé, et 15% disent l’avoir « beaucoup » envisagé. Un citoyen sur 25 (4%) affirment avoir déjà commencé des démarches spécifiques pour émigrer.
- L’Afrique de l’Ouest (29%), l’Europe (27%), et l’Amérique du Nord (25%) sont les destinations les plus prisées.
- La recherche de travail (40%), les difficultés économiques (24%), et la pauvreté (16%) sont les raisons majeures de l’exil.
L’intégration régionale a été pour l’Afrique une stratégie de développement des décennies durant. Le traité de fondation de la Communauté Economique Africaine en 1991 a fourni un cadre visant une intégration politique et économique totale avant 2019. Beaucoup de pays africains se sont engagés pour stimuler la coopération politique et économique.
En dépit de cet enjeu capital, les progrès observés sur le continent en matière d’intégration régionale ne sont pas impressionnants. Des textes décousus, des tarifs commerciaux élevés, des régimes douaniers compliqués, et des infrastructures de transport et d’énergie disjointes continuent d’empêcher le continent de transformer les discours en actes à travers l’avènement d’un puissant marché panafricain. Pourtant, au début de l’année 2008, les chefs d’état et de gouvernement de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont adopté une approche commune sur la migration (Ndiaye & Robin, 2010; Olapade, Selormey, & Gninafon, 2016).
Au niveau global, les pays riches – soucieux de se préserver des risques supposés de la migration – ont érigé des milliers de kilomètres de béton et de barbelés comme entre les Etats-Unis et le Mexique, l’Union Européenne et l’Afrique du Nord. De nouvelles pratiques émergent: Les pays riches tendent à externaliser le contrôle de leurs frontières chez leurs voisins du Sud – Mexique, Turquie, Maroc, Libye, Tunisie… – en échange d’aides au développement fortement incitatives. Cependant, deux réalités méritent d’être soulignées d’un point de vue international: Les Africains migrent peu en dehors de leur continent, et l’Europe demeure la principale destination hors Afrique (Fournier, 2010).
Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (2018), la période entre 2015 et juillet 2018 fut la plus meurtrière de l’histoire pour les migrants et les réfugiés ayant traversé la Méditerranée et parfois le désert dans l’espoir d’atteindre l’Europe, avec plus de 13.569 décès/disparus. Ces migrants, d’origines africaines, arabes, et autres, partent à l’aventure au risque de leur vie à la recherche d’une meilleure situation socio-économique et/ou de protection. Selon l’OIM-Libye (2018), il y aurait actuellement environ 18.000 migrants guinéens en situation irrégulière dans les centres de détention en Libye. Et tout au long du voyage, la menace d’esclavage et de violence physique en général est très présente.
Dans sa dernière série d’enquêtes, Afrobaromètre a tenté de cerner certaines questions relatives à la migration. Selon les résultats, la plupart des Guinéens trouvent que la circulation et le commerce entre pays de l’Afrique de l’Ouest est difficile. Près de deux-tiers de la population n’ont jamais souhaité vivre hors du pays, mais un tiers l’ont envisagé au moins « un peu ». Pour eux, un autre pays africain – surtout ouest-africain – serait la destination préférée, suivie de l’Amérique du Nord et l’Europe. Les raisons associées à ces migrations seraient principalement d’ordre économique.