Skip to content
Key findings
  • Sept Camerounais sur 10 (72%) pensent que le niveau de la corruption a « quelque peu » ou « beaucoup » augmenté pendant l’année écoulée.
  • Pour des deux-tiers (66%) de citoyens, la « plupart » ou « tous » les agents des douanes sont corrompus. Les douaniers sont suivis, dans la hiérarchie de la corruption perçue, par la police (63%), les juges et magistrats (54%), et les membres du gouvernement (54%).
  • es deux-tiers (67%) des Camerounais ayant eu affaire à la Direction Générale des Douanes pendant l’année écoulée affirment avoir dû verser des pots-de-vin au moins une fois pour obtenir des services dont ils avaient besoin
  • Plus des trois-quarts des répondants pensent que les personnes aisées puissent verser des pots-de-vin ou se servir de leurs contacts personnels pour éviter de payer les taxes, de se présenter devant les tribunaux, ou de faire enregistrer une parcelle de terrain qui ne leur appartient pas. La moitié environ affirment la même chose quant aux personnes ordinaires.
  • La majorité (53%) des Camerounais attestent que les gens ordinaires peuvent faire la différence dans la lutte contre la corruption.

Comme dans la plupart des pays africains, la corruption est un frein pour le développement du Cameroun. Pour juguler sa progression, l’état camerounais a mis en place un certain nombre d’institutions dont les plus connues sont le Contrôle Supérieur de l’Etat (CONSUPE), l’Agence d’Investigation Financière (ANIF), et la Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC). Si les deux premiers organes s’occupent respectivement du contrôle des finances publiques et du blanchiment des capitaux, la CONAC quant à elle a un rôle beaucoup plus large, puisqu’elle vise à agir efficacement sur notre environnement, sur les groupes, et sur les individus. Pour ce faire, son action quotidienne repose sur des leviers organiques que sont la prévention et la communication, les études et la coopération, et enfin les investigations (Commission Nationale Anti-Corruption, 2011).

Toutefois, malgré sa création en 2006, les résultats tardent à se faire ressentir, comme l’atteste le classement du Cameroun dans l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) de 2017 de Transparency International. En effet, le Cameroun s’est classé 153e sur 180, soit une régression de huit places comparé au précédent classement (Transparency International, 2018).

Cette chute ne semble pas invraisemblable, puisque les résultats de la dernière enquête d’Afrobaromètre confirment cette tendance. En effet, pour la majorité des Camerounais, les pratiques de corruption demeurent très actives au sein des administrations publiques, augmentant les couts et réduisant l’efficacité des procédures administratives. Aux yeux des citoyens, le niveau de la corruption a une fois de plus augmenté au cours de l’année 2017, et ça pour les leaders et fonctionnaires de presque toutes les catégories. Selon l’opinion publique, les plus corrompus sont les agents des douanes, les policiers/gendarmes, les magistrats, les membres du gouvernement, et les fonctionnaires du Bureau du Cadastre et des Affaires Foncières. Même les chefs traditionnels et leaders religieux sont assez nombreux à être perçus comme impliqués dans les affaires de corruption.

De plus, il semble que des Camerounais aussi bien aisés qu’ordinaires soient capables de verser des pots-de-vin ou d’utiliser leurs contacts personnels pour éviter certains devoirs.

Toutefois, il apparaît que bon nombre de Camerounais sont aujourd’hui conscients de leur rôle dans la lutte contre la corruption. Malheureusement, ils sont encore plus nombreux à penser que la dénonciation des actes de corruption induit des représailles ou d’autres conséquences négatives.

Jean Cédric Oyono

Jean Cédric Oyono est doctorant en sciences économiques à l’Université de Yaoundé 2 au Cameroun.