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Dispatch

AD216: La liberté d’expression au Togo serait-elle mise en quarantaine en période de crise?

Ezéchiel A. Djallo 27 Jun 2018 Togo
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Key findings
  • La proportion de Togolais qui se sentent « assez libres » ou « entièrement libres » d’exprimer leurs opinions est passée de 49% en 2012 à 60% en 2014 mais a décliné jusqu’à 39% en 2017. La majorité des citoyens ne se sentent « pas très libres » (31%) ou « pas du tout libres » (27%).
  • Les habitants de la zone rurale semblent un peu plus libres d’exprimer leurs opinions que ceux de la zone urbaine, 41% contre 36%.
  • Les habitants des régions des Savanes, de Kara, et Centrale paraissent plus libres d’exprimer leurs opinions que ceux des autres régions.
  • Mais c’est la région Centrale qui a connu la plus grande chute: Le niveau de liberté d’expression y est passé de 75% à 45% entre 2014 et 2017, soit une chute de 30 points. La région de Kara a, quant à elle, connu la plus faible baisse, passant ainsi de 70% à 57%, soit une baisse de 13 points.
  • Le Togo occupe le dernier rang d’une liste de 13 pays africains classés suivant le niveau de liberté d’expression en 2016/2017. De plus, c’est le Togo qui enregistre la plus grande baisse du niveau de liberté d’expression entre les deux dernières séries de l’enquête d’Afrobaromètre.

La dernière décennie au Togo est marquée par une amélioration des libertés politiques et civiles (Freedom House, 2018). Toutefois, le chemin reste encore long pour passer de son statut de pays partiellement libre au statut de pays libre établis par Freedom House. Les crises sociopolitiques constituent, entre autres, un frein à cette évolution puisqu’elles conduisent souvent aux violations des droits de l’homme.

Or, le Togo traverse depuis août 2017 une crise sociopolitique qui a conduit à de répressions violentes et à de nombreuses arrestations (Togo-Online, 2018; Togoactualité, 2017; Togosite, 2017). Cette situation affecterait-elle les libertés publiques des Togolais, en l’occurrence la liberté d’expression?

Le dernier sondage d’Afrobaromètre au Togo révèle qu’après avoir fait un pas en avant en matière de liberté d’expression, le pays a fait deux pas en arrière. Une chute de 21 points de pourcentage depuis 2014 au niveau national est plus saisissante dans les régions les plus touchées par la crise. Ainsi, la région Centrale, d’où sont parties les marches de protestations et qui est restée l’épicentre de la crise (Togo-Online, 2018), connaît la plus grande chute du niveau de liberté d’expression. Sur une liste de 13 pays africains où le même sondage a été mené, le Togo occupe le dernier rang en matière de liberté d’expression. De plus, c’est le pays qui connaît la plus importante baisse du niveau de liberté d’expression entre les deux dernières séries du sondage.

Dans un contexte de crise sociopolitique où la tentation de succomber aux dérives et exactions est forte, ces résultats interpellent à plus de vigilance afin d’assurer, quelles que soient les circonstances, les droits les plus fondamentaux des populations.

Ezéchiel A. Djallo

Ezéchiel A. Djallo est l’administrateur résident et un chercheur du CROP à Lomé au Togo.