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Key findings
  • Les Burkinabè sont partagés entre manifestation de la vérité (48%) et oubli (49%) sur ce qui s'est passé durant l’insurrection d’octobre 2014 pour permettre au pays de progresser.
  • La majorité (52%) des Burkinabè sont désormais favorables à l’amnistie pour les personnes suspectées de crime et de violation des droits de l’homme au cours de l’insurrection, 44% étant favorables à ce qu’ils soient tenus responsables et poursuivis pour ce qu’ils ont fait.
  • La meilleure option prônée pour une paix durable et la réconciliation nationale est désormais la confession et le pardon (36%) devant la recherche de la vérité (20%), l’amnistie générale (17%), et enfin les poursuites judiciaires à l’encontre des suspects et la condamnation des coupables (14%).
  • Dans l’intérêt de la réconciliation nationale, la moitié (50%) des Burkinabè, surtout les femmes (53%) et les ruraux (53%), pensent que ce serait une bonne chose que Compaoré soit autorisé à retourner au Burkina sans crainte d’être emprisonné, les citadins eux, étant moins favorables (41%).
  • De 2015 à 2017, la proportion des citoyens burkinabè favorables à l’oubli sur ce qui s'est passé durant l’insurrection de fin octobre 2014 s’est accrue, passant de 37% à 49%. La proportion de ceux qui sont favorables à l’amnistie pour les personnes suspectées de crime et de violation des droits de l’homme au cours de l’insurrection est passée, quant à elle, de 31% en 2015 à 52% en 2017.

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Le 30 octobre 2014 des milliers de Burkinabè se mobilisent pour protester contre le projet de modification de la Constitution que s’apprêtait à voter l’Assemblée Nationale. Ce projet visait principalement à déverrouiller l’Article 37 de la Constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels et rendait le Président Blaise Compaoré inéligible à l’élection présidentielle de 2015. Les manifestations protestataires tournent à l’insurrection populaire. Le Parlement est incendié, des biens publics mais aussi privés, notamment ceux des dignitaires du régime, sont saccagés. La répression des manifestants fait officiellement 24 morts et des centaines de blessés. Le régime s’effondre et le président est contraint à l’exil le 31 octobre 2014.

Presque quatre ans plus tard, la quête de justice et de réconciliation nationale continue de dominer l’agenda politique au Burkina Faso. En effet, tandis que certains réclament la fin de l’impunité des crimes commis à l’occasion de l’insurrection, d’autres prônent la réconciliation. Dans ce contexte, l’ouverture le 27 avril 2017 devant la Haute Cour de Justice du procès des membres du dernier gouvernement du Président Compaoré accusés de complicité de coups et blessures dans le cadre de la répression des manifestations qui ont précédé l’insurrection d’octobre 2014 a donné de l’espoir aux Burkinabè en quête de justice. Au même moment, une partie des Burkinabè a commencé à plaider activement en faveur de la réconciliation nationale. Mais jusqu’ici, ce plaidoyer semble n’avoir pas encore rencontré d’écho favorable du côté du gouvernement en place.

Comment les populations perçoivent-elles ces questions? Selon la plus récente enquête d’Afrobaromètre, les Burkinabè semblent partagés entre manifestation de la vérité et oubli sur ce qui s’est passé durant l’insurrection.

La majorité d’entre eux sont favorable à l’amnistie pour les personnes suspectées de crime et de violation des droits de l’homme, et considèrent que la meilleure option pour une paix durable et la réconciliation nationale est la confession et le pardon. Dans l’intérêt de la réconciliation nationale, la moitié des Burkinabè, surtout les femmes et les ruraux, pensent que ce serait une bonne chose que Compaoré soit autorisé à retourner au Burkina sans crainte d’être emprisonné.

Ces résultats montrent un changement dans la vision des citoyens vers une volonté de tourner la page tumultueuse de l’insurrection.

Augustin Loada

Augustin Loada, professor of public law and political science, is the general coordinator of the Afrobarometer survey in Burkina Faso.

Agnès Kaboré

Agnès Kaboré est statisticienne au Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD), Ouagadougou.