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La collaboration stratégique avec l’Afrique est devenue une priorité dans le grand Nord, L’Est, et l’Ouest. Les puissances qui par le passé considéraient principalement le continent africain comme une source de matières premières se concentrent maintenant sur le « partenariat » et le « développement », conformément à l’exemple américain de l’African Growth and Opportunities Act, qui insiste sur les avantages réciproques de l’investissement et du commerce.

La Chine, en particulier, a rapidement accru ses liens avec le continent ces dernières années, avec le Forum sur la Coopération Chine-Afrique (FOCAC), établi en 2000, comme principal outil institutionnel de son enclenchement stratégique aux côtés de l’Afrique sub-saharienne (Pigato & Tang, 2015). Les échanges commerciaux de la Chine avec l’Afrique se sont accru d’environ $10 milliards en 2000 à $220 milliards en 2014 et approchait les $300 milliards en 2015 (China Daily, 2015). Steven Kuo (2015) rapporte que le marché africain sensible aux prix a rendu le développement des télécommunications et des infrastructures du continent dépendant de la technologie chinoise, qui bénéficie d’un prix compétitif et d’un meilleur service d’assistance comparé à ses concurrents occidentaux. L’Afrique a également bénéficié de la croissance exponentielle de la présence des petits investisseurs chinois dans l’alimentaire, les magasins détaillants, et les textiles. La Chine, d’autre part, importe principalement les minerais d’Afrique, ainsi que des quantités moindres de produits oléagineux et agricoles. L’on estime également à plus d’1 million les Chinois, paysans et commerçants pour la plupart, qui ont émigré en Afrique au cours de la décennie écoulée (Lu, 2013).

Comme pour les accords commerciaux avec l’Occident, la présence accrue de la Chine en Afrique a attiré des critiques. Ceci comprend des affirmations selon lesquelles la Chine ne serait en Afrique que pour accéder à ses ressources naturelles, qu’elle voudrait acheter toutes les terres d’Afrique, et qu’elle n’emploierait principalement que de la main d’oeuvre chinoise plutôt que locale (Esposito & Tse, 2015), même si certains chercheurs qualifient ces affirmations de « mythes » (Brautigam, 2015). D’autres critiques ont argué du fait que beaucoup de sociétés chinoises fournissent des services et produits de mauvaise qualité et vendent moins cher, affaiblissant ainsi les concurrents locaux. La Chine est également sévèrement critiquée pour sa volonté de travailler avec des régimes autocratiques ou très peu transparents, comme au Zimbabwe et en Zambie.

Comment les Africains considèrent-ils l’investissement étranger et l’influence extérieure de la Chine dans leurs pays? Les résultats de l’enquête 2014/2015 d’Afrobaromètre dans 36 pays africains, qui comportait une série spéciale de questions sur la Chine, suggèrent que le public a des opinions généralement favorables des activités économiques et d’assistance de la Chine. Les Africains classent les Etats-Unis et la Chine en première et deuxième positions, respectivement, comme modèles de développement de leurs propres pays. De façon remarquable, dans trois sur cinq régions africaines, la Chine soit égale ou dépasse les Etats-Unis en termes de popularité comme modèle de développement. Au regard de leur influence actuelle, les deux pays ne sont surpassés que par les anciennes puissances coloniales de l’Afrique.

Les perceptions publiques non seulement confirment le rôle économique et politique important de la Chine en Afrique mais, également, dépeignent généralement son influence comme salutaire. Les investissements chinois en infrastructures/développement et commerciaux sont considérés à la base de l’image positive de la Chine en Afrique, quand bien même cette image est entachée par des perceptions de mauvaise qualité des produits chinois.