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Key findings
  • La majorité des Tchadiens affirment que le niveau de corruption a « beaucoup » (53%) ou « quelque peu » (11%) augmenté dans leur pays au cours des 12 derniers mois.
  • Parmi les leaders et institutions évalués, les policiers/gendarmes, les juges et magistrats, les conseillers communaux, les hommes et femmes d’affaires ainsi que les fonctionnaires sont les plus perçus comme corrompus par les citoyens tchadiens.
  • Parmi les Tchadiens ayant eu affaire à la police ou à certains services publics au cours des 12 derniers mois, une majorité de répondants déclarent avoir versé au moins une fois des pots-de-vin pour éviter des ennuis avec la police (74%) ou pour obtenir son assistance (56%). Près de la moitié (47%) affirment en avoir payé pour obtenir un document d’identité, et 40% pour accéder à des soins médicaux.
  • Plus des trois quarts (77%) des répondants disent que les citoyens ordinaires risquent des représailles ou d'autres conséquences négatives quand ils signalent les actes de corruption.
  • L’écrasante majorité (82%) des Tchadiens désapprouvent les performances du gouvernement dans la lutte contre la corruption.

La corruption institutionnelle désigne les pratiques illicites ancrées dans les structures publiques, souvent tolérées ou couvertes par les élites. Elle se manifeste sous plusieurs formes : administrative, à travers les pots-de-vin et les détournements ; politique, par l’achat de voix et le clientélisme ; ou encore systémique, lorsqu’elle devient généralisée et enracinée dans le fonctionnement des institutions (Rose-Ackerman,1999 ; Zagainova, 2012).

Cette grille d’analyse trouve une illustration particulièrement préoccupante au Tchad, qui demeure l’un des pays les plus touchés par la corruption en Afrique subsaharienne. Selon l’Indice de Perception de la Corruption 2024 de Transparency International (2025), le pays obtient un score de 21 sur 100, se classant 158e sur 180 Etats. Cette situation place le Tchad parmi les nations les plus corrompues au monde, où la corruption est perçue comme endémique, particulièrement dans les secteurs de la justice, de la police et de la fonction publique (Transparency International, 2025 ; Tribune Echos, 2025).

Cette perception généralisée de la corruption influence directement la confiance institutionnelle, la participation citoyenne et la légitimité de l’Etat (Rothstein & Teorell, 2008), créant un cercle vicieux où la tolérance sociale à la corruption alimente sa reproduction (Rothstein, 2011).

Face à ce constat, les autorités tchadiennes ont intensifié leurs efforts de lutte anticorruption avec la création de l’Autorité Indépendante de Lutte contre la Corruption (Africa24, 2025). Cette institution a depuis multiplié des actions de contrôle et des initiatives de sensibilisation (Dariustone, 2025).

Cette dépêche présente les résultats d’un module spécial du questionnaire Afrobarometer consacré à l’évaluation des perceptions et des expériences de corruption en Afrique.

Pour une grande majorité de Tchadiens, la corruption est en pleine expansion dans leur pays. Les institutions censées incarner l’ordre et la justice – policiers /gendarmes et juges/magistrats – sont perçues comme étant parmi les plus corrompues, à côté des conseillers communaux, des hommes et femmes d’affaires et des fonctionnaires.

Dans leur quotidien, les citoyens en font l’amère expérience : La majorité de ceux qui ont eu affaire à la police ou à certains services publics déclarent avoir dû verser des pots-de-vin pour éviter des ennuis ou obtenir de l’assistance. Près de la moitié en ont payé pour obtenir un document d’identité, et quatre sur 10 pour accéder à des soins médicaux.

Par ailleurs, dénoncer ces pratiques reste risqué : Plus de trois quarts des Tchadiens estiment que les citoyens ordinaires s’exposent à des représailles en signalant la corruption.

Sans surprise, une écrasante majorité de citoyens désapprouvent la performance du gouvernement dans ce domaine.

Gadom Djal Gadom

Gadom Djal Gadom is the coordinator at LAEREAG.

Djimasdinguem Isaac

Djimasdinguem Isaac is an associate researcher at LAEREAG and data manager for the Afrobarometer survey in Chad.