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Key findings
  • Environ la moitié des Maliens disent que les inondations (48%) et les sécheresses (47%) se sont intensifiées dans leur région ces 10 dernières années, et près de quatre sur 10 (39%) font le même constat concernant les mauvaises récoltes.
  • Plus de six Maliens sur 10 (63%) affirment avoir entendu parler des changements climatiques.
  • Parmi ceux qui sont informés des changements climatiques : o Environ sept sur 10 considèrent l'activité humaine (55%) ou la combinaison de l’activité humaine avec les procédés naturels (14%) comme la principale cause des changements climatiques. o Trois quarts (76%) déclarent que les changements climatiques rendent la vie pire. o Environ huit sur 10 estiment que les pays riches devraient prendre des mesures urgentes pour atténuer les changements climatiques (83%) et devraient soutenir financièrement le Mali à en affronter les effets (80%), et que leur propre gouvernement doit également intervenir sans tarder (79%).
  • Pour lutter contre les changements climatiques, la majorité de tous les répondants soutiennent l’investissement dans l’amélioration des infrastructures (86%) et les énergies renouvelables (84%), une pression accrue sur les pays riches pour qu’ils aident les victimes (74%), l’interdiction de l’abattage des arbres pour le bois de chauffe (68%) et l’adoption de fourneaux écologiques quel qu’en soit le coût (54%).
  • Bonne nombre de Maliens déclarent avoir adopté des stratégies d’adaptation face aux changements climatiques et à la dégradation de l’environnement au cours des cinq dernières années. Ces réponses incluent la réduction ou réorganisation du travail à l’extérieur (32%), le changement de régime alimentaire ou de cultures (31%), la réduction de la consommation d’eau ou le recours à d’autres sources (30%), et l’ajustement des pratiques d’élevage (29%). Une proportion plus faible de répondants (13%) disent avoir dû déménager.

Au Mali, la dégradation de l’environnement et des ressources naturelles s’est accélérée  pendant les dernières décennies sous les effets combinés d’une croissance démographique  rapide, de pratiques d’exploitation inadaptées et de conditions climatiques de plus en plus  défavorables (Birama, 2020). La hausse des températures, l’irrégularité croissante des saisons de pluies et la fréquence des évènements météorologiques extrêmes ont des conséquences  humaines et économiques lourdes. Les inondations de l’an dernier, par exemple, ont causé  une dizaine de morts, plus de 85.000 hectares de terres cultivées détruites, 730.000 tonnes de  céréales perdues, 100 écoles et 79 bâtiments scolaires endommagés, et plus de 350.000  personnes affectées (TRT Global, 2024 ; Programme Alimentaire Mondial, 2024). 

Par ailleurs, avec deux tiers du territoire qui sont désertiques, le pays subit de plein fouet  l’avancée du désert, la raréfaction des ressources en eau et l’érosion des moyens de  subsistance, en particulier dans les zones déjà vulnérables du Nord (Studio Tamani, 2018).  Cette situation contribue à l’aggravation de l’insécurité alimentaire, qui touche près d’un  quart de la population. Dans un pays où l’agriculture et l’élevage assurent la subsistance de  80% de la population active et représentent plus du tiers du produit intérieur brut, les effets  des changements climatiques pèsent lourdement sur l’économie (Organisation  Internationale du Travail, 2024).  

Pour renforcer sa résilience face aux changements climatiques, le Mali a intégré les enjeux  climatiques dans ses planifications et a lancé plusieurs initiatives. Parmi ces actions figurent l’adhésion au projet de la Grande Muraille Verte pour freiner la désertification par le  reboisement, la construction de centrales solaires pour diversifier le mix énergétique, et le  programme Large-Scale Renewable Energy Development destiné à stimuler les  investissements dans les énergies renouvelables (Centre d’Actions et de Réalisations  Internationales, 2017 ; Koné, 2024 ; Banque Africaine de Développement, 2011). Le pays mise aussi sur le renforcement de la résilience des communautés agricoles à travers des  programmes d’adaptation en devenant partenaire du Climate & Clean Air Coalition depuis  2014, et a adopté une politique nationale sur le climat et l’environnement dès 2009 (Agence  de l’Environnement et du Développement Durable, 2011). Le Mali a également mis en place  un Fonds Climat National avec l’appui des partenaires et a adopté une gouvernance  climatique inclusive (Near East Foundation, 2015). 

Cette dépêche présente les résultats d’un module spécial intégré au questionnaire du  Round 10 d’Afrobarometer, conçu pour examiner les perceptions et expériences des Maliens  face aux changements climatiques. 

Selon les résultats, les effets des changements climatiques sont largement perçus au Mali. Environ la moitié des citoyens rapportent une intensification des inondations et des  sécheresses et quatre sur 10 observent une hausse des mauvaises récoltes au cours de la  dernière décennie. Si la majorité des répondants ont déjà entendu parler des changements climatiques, ceux qui en sont informés les attribuent majoritairement à l’activité humaine et  jugent qu’ils aggravent les conditions de vie. Ils appellent à une action urgente, tant du  gouvernement que des pays riches.  

La majorité des Maliens soutiennent des politiques d’atténuation, et des proportions  significatives déclarent avoir personnellement adopté des stratégies d’adaptation. 

Fatoumata Binta Sow

Fatoumata Binta Sow est assistante de recherche au Groupe de Recherche en Economie  Appliquée et Théorique (GREAT).