- Les jeunes sénégalais (âgés de 18 à 35 ans) sont plus nombreux à avoir suivi des études secondaires ou post-secondaires (55%) que les générations plus âgées (21%- 36%).
- Mais les jeunes sont également plus susceptibles d’être au chômage : Quatre jeunes sur 10 (41%) déclarent être sans emploi et à la recherche d’un emploi, contre 22%- 36% des adultes.
- Outre la situation économique générale du pays et la pénurie d’emplois, les jeunes citent le manque de formation ou de préparation adéquate (35%), leur réticence à occuper certains emplois (24%) et l’inadéquation entre les compétences académiques et les exigences professionnelles (16%) comme étant les principaux obstacles à leur insertion professionnelle.
- Près des trois quarts (74%) des jeunes sénégalais aimeraient créer leur propre entreprise, et 17% préfèreraient le travail dans le secteur public.
- Si le gouvernement pouvait augmenter ses dépenses en faveur des programmes d’aide à la jeunesse, la création d’emplois serait la première priorité des jeunes pour un investissement plus important.
- La hausse du coût de la vie est le principal problème auquel les jeunes sénégalais estiment que leur gouvernement devrait s’attaquer. La santé, le chômage, l’insécurité et l’eau complètent la liste des cinq priorités.
- La majorité des jeunes approuvent la performance de leur gouvernement en matière de fourniture de services d’eau et d’assainissement (63%), d’amélioration des services de santé de base (55%), et de réduction de la criminalité (54%). En revanche, seuls 40% se disent satisfaits des efforts visant à améliorer les conditions de vie des pauvres, 37% de la stabilité des prix et 33% de la création d’emplois.
- La majorité des jeunes considèrent que leur pays évolue dans « la bonne direction » (71%) et que leurs conditions de vie sont « assez bonnes » ou « très bonnes » (56%). Toutefois, par rapport à la situation économique du pays, les opinions sont mitigées (40% bonnes contre 45% mauvaises). o Huit jeunes sur 10 (80%) pensent que les choses vont s’améliorer au cours de l’année à venir.
- Six jeunes sur 10 (60%) disent avoir au moins « un peu » envisagé d’émigrer, la plupart du temps pour trouver un emploi ou échapper à des difficultés économiques.
Trois quarts de la population sénégalaise ont moins de 35 ans, et les 15-35 ans représentent plus de la moitié de la population économiquement active. Les jeunes détiennent ainsi entre leurs mains l’avenir économique de la nation (Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie, 2024). Pourtant, un potentiel immense reste en sommeil, car environ 40% de ces jeunes ne sont ni aux études, ni employés, ni en formation (Phuong, 2025). Cette catégorie de jeunes est plus susceptible d’être socialement exclue et trouve moins d’opportunités sur le marché du travail (Diallo, Ly, & Diene, 2023).
Pour lutter contre le chômage endémique des jeunes, le Sénégal a déployé un dispositif diversifié, comprenant des agences dédiées, des fonds de garantie et d’investissement, des programmes sectoriels et de microfinancement rapide, et des modules de formation technique et professionnelle (Kane, Ndoye, & Seck, 2021 ; Gueye, 2021). Cet ensemble, complété en 2021 par le Programme d’Emergence pour l’Intégration Socioéconomique des Jeunes, doté de U.S. $721 millions (2021-2023), vise à couvrir tout le cycle allant de la formation, l’entrepreneuriat, l’accès au crédit et l’insertion professionnelle (Ministère de l’Economie du Sénégal, 2021 ; Chahed, 2021).
Cependant, des défis importants subsistent. Au quatrième trimestre 2022, le taux de chômage moyen national était estimé à 11,3%, tandis que plus d’un quart des jeunes âgés de 18-35 ans étaient sans emploi (Diallo, Ly, & Diene, 2024). Ce chômage touche davantage les jeunes femmes (45,4%) que les jeunes hommes (12,2%).
En outre, les jeunes titulaires d’un diplôme secondaire ou supérieur présentent une probabilité d’insertion professionnelle inférieure à celle de leurs pairs limités au primaire, vraisemblablement en raison de la prédominance du secteur informel et de la discordance entre l’offre de formation et la demande du marché du travail (Diallo, 2025).
Par ailleurs, l’Indice Mondial 2023 du Développement de la Jeunesse classe le Sénégal dans la catégorie moyen pour les indicateurs relatifs à l’emploi et aux opportunités, à l’éducation, à l’égalité et à l’inclusion, à la santé et au bien-être, à la paix et à la sécurité, ainsi qu’à la participation politique et civique (Commonwealth, 2024).
L’enquête Afrobarometer du Round 10 apporte quelques éclaircissements sur la situation de la jeunesse sénégalaise.
Les données révèlent que les jeunes sont plus instruits que leurs aînés, mais qu’ils sont aussi plus susceptibles d’être au chômage. En dehors de la conjoncture économique difficile, les jeunes identifient le manque de formation adéquate, la réticence à occuper certains emplois, et l’inadéquation entre leurs compétences académiques et les exigences du marché du travail comme les trois principaux obstacles à leur insertion professionnelle. La grande majorité des jeunes aspirent à créer leur propre entreprise.
La hausse du coût de la vie est la priorité la plus importante pour l’action gouvernementale, selon les jeunes sénégalais, suivie par la santé, le chômage, l’insécurité et l’eau.
En dépit de leur évaluation contrastée de l’action publique, près des trois quarts des jeunes estiment que le pays avance dans la bonne direction, et plus de la moitié jugent leurs conditions de vie personnelles satisfaisantes. Les perceptions de la conjoncture restent partagées, mais l’écrasante majorité des jeunes anticipent une amélioration d’ici un an.
Malgré cet optimisme, six jeunes sur 10 ont au moins « un peu » envisagé l’émigration, le plus souvent pour décrocher un emploi ou échapper à des difficultés économiques.
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